Le producteur revient cette année avec son deuxième album pour Brainfeeder, intitulé In My World, 3 ans après l’abrasif Outmind, à l’ambiance électrique, où l’on découvrait les talents de Matthewdavid pour créer des mondes atmosphériques et mystérieux. Fondateur du label californien Leaving Records, Matthewdavid a toujours affectionné les musiques sortant du cadre, les ambiances étranges et les beats d’une grande finesse. Il a notamment sorti quelques perles de producteurs comme Mndsgn, Yuk ou encore Ras G, pour ne citer qu’eux. Ainsi, son deuxième album pour le label de Flying Lotus a de quoi surprendre.
In My World sonne comme un contre-pied aventureux. Là où Outmind mettait en avant une musique déstructurée, ambiante et corrosive, ce deuxième opus donne à entendre quelque chose de plus construit, de plus mélodique, de plus pop. Cet album est comme un aveu, une révélation au monde d’un artiste arrivé à maturité. Le monde de Matthewdavid se révèle ici plus complexe et plus multiple qu’on ne pouvait le penser. On y découvre des compositions tirant vers le r’n’b et la pop, avec une touche électronique rappelant la fine fleur de la beat scene de Los Angeles. Un mélange pouvant sembler incongru de premier abord.
Pourtant, le producteur parvient à manier les genres avec brio. Le plus bel exemple de cette pop r’n’b d’un nouveau genre restera le morceau « In My World ». Cette balade pleine de soul où l’on peut entendre la douce voix de Matthewdavid a des allures de tubes de l’été.
Le jeune californien chante en effet une grande partie des textes de l’album, ce qui nous fait découvrir un autre de ses talents comme sur les morceaux « Artforms », « Perpetual Moon Moods » ou « Birds In Flight ». On notera d’ailleurs dans ces textes, comme dans son esthétique, une tendance à l’autodérision et au second degré appréciable.
On retrouve également des ambiances parfois similaires à Outmind comme sur les morceaux « House of Horus » ou encore « Birds in Flight », plus épuré cependant, et plus direct. Matthewdavid semble ici apaisé, pleinement en accord avec lui-même et nous offre une collection de morceaux respirant la joie de vivre. Pourtant, sur la longueur, l’album ne parvient pas vraiment à convaincre, manquant peut-être de vivacité et trop cloisonné. In My World sonne finalement comme un disque un peu trop léger, manquant de conviction. Il y a peut être aussi ici une forme de déception de la part d’un producteur qui a su repousser les limites de l’ambient au sein de la beat scene de L.A avec son album précédent. Il est à noter tout de même qu’il s’agit d’un tournant dans la discographie du californien, qui réussi à surprendre à défaut de convaincre totalement.
