Même si vous n’avez jamais entendu parler de lui, ce nom vous dit sans doute quelque chose. En effet, Taylor est le plus vieux fils du chanteur et arrangeur Bobby McFerrin, célèbre notamment pour son tube « Don’t Worry, Be Happy », datant de la fin des 80’s. Il semble finalement difficile, avec un tel héritage familial, de se lancer dans l’exercice musical. Pourtant, Taylor a su développer un style qui lui est propre, mêlant allègrement jazz, beatbox et soul. En témoigne son magnifique EP Place in My Heart sorti en 2011 chez Brainfeeder. 3 ans ont passé et le jeune homme originaire de Brooklyn revient avec, cette fois ci, un premier album Early Riser toujours chez Brainfeeder.
Ce premier LP, au carrefour du jazz, de l’électronique, du hip hop et de la soul, confère à Taylor McFerrin une maturité artistique très attendue. On notera ici la présence d’invités de renom tel que le bassiste attitré de Flying Lotus, Thundercat ou encore le grand Robert Glasper, figure emblématique du jazz contemporain, pour ne citer qu’eux. Le papa, Bobby McFerrin, est également de la partie sur le titre « Invisible/Visible » en compagnie de Cesar Camargo Mariano, un des grands noms du piano jazz brésilien.
Cette pléthore d’invités prestigieux en dit long sur les ambitions de Taylor. Mais au-delà des ambitions, il s’agit surtout d’un défi de taille.
Défi dont il a su tirer le meilleur pour porter sa fusion musicale vers de larges horizons. Ce savant mélange, dont il détient le secret, nous est présenté dés les premiers titres de l’album. Celui-ci s’ouvre sur le morceau « Postpartum », balade sereine où une nappe de clavier éthérée laisse peu à peu place à un motif de piano électrique et une rythmique jazz très aérienne, avant de nous emporter avec un solo de claviers, le tout agrémenté de la douce voix de Taylor. Cette introduction préfigure bien le reste de l’album, où la notion de sensualité est très présente.
Empruntant volontiers des atmosphères et sonorités électroniques d’une grande finesse à ses pairs de Brainfeeder (on pensera notamment à Teebs ou Flying Lotus sur certains morceaux tels que « Degrees of Light » ou « The Antidote »), Taylor McFerrin se les approprie pour nous livrer sa vision de la musique, plurielle et riche.
Des morceaux tels que le magnifique « PLS DNT LSTN », véritable manifeste électro jazz, soufflent un vent de fraicheur sur le jazz contemporain et placent Taylor McFerrin à l’égal des grandes figures de son temps dans cette discipline. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on retrouve Robert Glasper sur « Early Riser ». Le dialogue de ces deux grands , « Already There », est des plus riches et pourrait bien porter ce premier album au statut de classique du genre.
Taylor McFerrin fait preuve ici d’une grande méticulosité, tant dans le choix de ses collaborateurs que dans sa composition. Il en ressort un album finalement très intime, aux mélodies solides.
La présence de chanteuses, aux accents de soul teintée de jazz, révèle également toute la puissance de ces mélodies, comme sur les superbes « The Antidote », « Decisions » et bien sûr, le fameux « Place in My Heart » en duo avec la chanteuse RYAT.
Taylor McFerrin feat. Ryat – Place in My Heart from Simon Benjamin on Vimeo.
Le groove de Taylor McFerrin, psychédélique et doux, nous conte une histoire intense et lumineuse, où se mélangent les émotions et les genres, pour la plus grande joie de l’auditeur avide de nouvelles expériences.
Ce premier LP est donc une réussite qui laisse présager de belles choses pour l’avenir.
Taylor McFerrin – Early Riser (Brainfeeder/Ninja Tunes)