ClekClekBoom, l’écurie française, continue sur sa bonne lancée après la sortie du formidable Kepler de French Fries, un LP empreint de sonorités spatiales, et la signature du duo NSDOS qui a fait des jams acérés sur machines une de ses spécialités. Un repositionnement dans l’underground et des efforts qui payent puisque le collectif était gratifié du titre de label du mois sur Resident Advisor au mois de février dernier. Aujourd’hui, c’est Coni qui revient sur ClekClekBoom avec Comfort Zone EP, un opus dédié au club, mais pas que…

La 15^ème sortie du label parisien s’ouvre sur « The Opposite », une boucle entêtante et colorée qui germe progressivement. Le socle du morceau est composé de patterns de 707 : les toms et les hats délibérément filtrés et compressés donnent un aspect poussiéreux et un grain particulier. Ça sonne vieux, patiné, sans être totalement old school et figé sur le passé. Un subtil mélange entremêlé de bruits de droïdes futuristes qu’on adore.

Le deuxième morceau, « Napalm », porte bien son nom. Ce corps chimique dont on se sert pour fabriquer des bombes incendiaires a beau avoir été interdit contre les populations civiles dans les années 1980 par les Nations Unies, aucun préjudice ne vous sera tenu si vous jouez ce titre en club, bien au contraire. C’est le meilleur morceau de l’EP selon nous, et pour cause : à coup de gros kicks hard-house bien saturés spécial caillera mexicaine et de quelques lignes « d’ organ synth », voici le tool parfait à jouer en peak time. Un vrai rouleau compresseur percutant et frénétique qui ne fait pas dans la dentelle.

Sur l’autre face, « Groove Bunker » nous plonge dans un territoire plus sombre, fait de percussions feutrées et de glitchs répétitifs. Avec ce morceau, Coni nous montre qu’il sait jouer sur les textures et les sonorités : les drums sont travaillées panoramiquement, elles oscillent de droite à gauche, ce qui donne une impression de vertige. Le groove est lourd et tangue, et les toms de 707, les mêmes que ceux présent sur la A1, donnent une impression de balancement. Enfin, la reverb, essentielle ici, nourrit l’ambiance et donne du relief à cette B1.

Le dernier titre, « Exit To Comfort Zone », est le morceau OVNI de l’EP. Il est truffé de bruits sci-fi comme l’était l’album de French Fries. On sent l’influence du tôlier de ClekClekBoom sur Coni. Les Coni-ctions se font (humour) !

Depuis ses débuts, Coni évolue et explore des nouvelles pistes. C’est peut être cette polyvalence que l’on pourrait lui reprocher puisqu’il s’inspire assez largement des tendances au goût du jour sans véritablement développer une patte unique. Dur effectivement de trouver un fil conducteur entre les 3 EP du Parisien et un véritable son « made in Coni ». Néanmoins, le parisien gagne en maturité avec Comfort Zone, un opus abouti, complet et très cohérent.