Label parisien afrosoul aux tendances funky et jazz, Hot Casa Records sévit depuis plus de 10 ans désormais et a vocation à nous emmener vers de nouveaux horizons et de belles aventures. On doit notamment cela à deux amis : Djamel Hammadi et Julien Lebrun, deux DJ’s et diggers passionnés passant leur temps à voyager aux quatre coins du monde afin d’amener ou de ramener à la vie quelques trésors musicaux du XXème siècle. Rencontre avec Julien Lebrun pour parler de sa passion pour les musiques africaines, du digging et de l’art de la réédition.
-Comment décrirais-tu ton label ?
Hot Casa c’est un label qui est né en 2003, après une rencontre avec Djamel sur Radio Génération. On était diggers de soul, à la base, et puis, comme tout digger, tu veux toujours en savoir plus donc on est tombé un peu amoureux du continent africain et de la musique africaine, soul en particulier. Et puis on s’est rendu compte qu’il y avait des trésors inédits et lointains. A l’époque, on bossait pour une résidence, on a toujours eu ce caractère DJ, et on bossait pour différents endroits donc on a toujours été près de la musique. Cette appétence pour l‘afro est née depuis très longtemps mais on a voulu creuser en voyageant beaucoup du Sénégal au Ghana en passant par la Côte d’Ivoire. On voulait aussi produire les artistes donc il y a toujours eu une partie production et une partie réédition chez Hot Casa. La partie réédition, c’est la plus costaud. On a eu des artistes avec qui cela qui prenait beaucoup de temps parce que Hot Casa c’est un peu tout fait maison : on n’a pas beaucoup de moyens alors on utilisait des studios de potes ou des studios chez nous, on a toujours tout enregistré et écouté un peu nous-mêmes donc ça prenait du temps notamment avec Franck Biyong qui était notre première sortie et puis après, en 10 ans, on a fait pas mal de choses. On a produit des groupes comme Setenta et là cette année on garde toujours cette caractéristique “réédition” : on a cinq, six rééditions et on a une chanteuse de jazz qui est toujours très afro, il y a une reprise de Fela mais aussi un groupe de jazz et puis un groupe de chanson française aussi toujours afro mais du coup on ouvre et un groupe d’afrobeat français… d’ailleurs, Voodoo Funk on va appeler ça comme ça. Voodoo Soul lyonnais. Voilà donc on a pas mal de sorties.
-Comment travaillez-vous ?
On est deux dans le label, il y a Djamel qui, lui, est un digger pur et dur et qui ne vit que de ça. C’est-à-dire qu’il voyage beaucoup en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire pour chercher des disques et il vend beaucoup. C’est un des plus gros vendeurs de disques afro et « tropical » (brésil – latin), il est connu pour ça et ça nous permet de partager le boulot. Moi je suis plus dans la production des artistes ici, lui il est plus digger. Il trouve des galettes rares, certains producteurs et du coup moi je fais plutôt la partie administrative et technique d’enregistrement, sachant que toutes nos sorties sont à 98% réalisées en vinyle, ce qui est un peu la marque de fabrique du label. On est focalisés sur une niche vinyle.
-Et pourquoi le vinyle en particulier ?
Parce qu’on est dans cette génération “digger“, dans le hip hop. On a toujours côtoyé cet objet et puis quand tu portes un regard sur le temps, tu t’aperçois que c’est ça qui reste, pas forcément des fichiers MP3 sans nom. Et il y a une valeur d’objet, il y a une histoire derrière. il y a un acte d’achat, de lieu, que tu as par rapport à ce vinyle. On a tous des iPhones, des trucs pour écouter la musique dans le train mais avec le vinyle et l’objet, tu as un acte physique qui est primordial, tu as un rapport avec la musique qui est totalement différent. Et puis au niveau du son ça reste organique, les pochettes sont plus belles, c’est plus grand, t’as plus de texte…
Moi j’ai toujours été bercé là-dedans, c’est peut être un truc un peu vieillot, mais en ce moment ça revient. Nous ça ne nous a jamais quitté, depuis 1988 je suis collectionneur de disques, je n’ai jamais arrêté et je pense pas que j’arrêterai parce que c’est un rapport intime avec la musique.
-Comment trouves-tu et sélectionnes-tu les artistes ?
C’est un vaste débat, il y a eu beaucoup de choses écrites sur le fait que des gens aillent en Afrique chercher des disques puis qu’ils les revendent sur un rapport d’exploitation. Nous, on a toujours été très clairs sur notre définition, Hot Casa c’est un label d’afrosoul, on se focalise sur un certain type de scène musicale, à une époque donnée. On n’a jamais prétendu faire, quand on va par exemple en Côte d’Ivoire, “LA musique ivoirienne”. On se focalise là-dessus avec notre oreille de digger, de collectionneur de jazz et de soul, en essayant d’être le plus pertinent possible en terme de droits. Même si on a des super morceaux et si malheureusement les producteurs ont disparu, on ne peut pas les mettre, donc il y a aussi cet aspect là, cette contingence technique.
Pourquoi on a choisi le morceau… c’est aussi parce qu’on a pu trouver les droits. La deuxième lecture, c’est une lecture soul et funk et musicalement intéressante, ça joue sur la rareté : l’idée c’est d’être pertinent et de ne pas mettre des tubes vus et revus.
-Est-ce que c’est difficile pour toi de trouver des raretés ?
C’est de plus en plus dur sachant qu’il y a de plus en plus de diggers locaux, au Bénin, par exemple. Je viens de rentrer d’Afrique du Sud et il y avait des diggers jazz et soul locaux qui trouvaient des disques et qui les revendaient. C’est une musique qui commence à dater, les producteurs décèdent un à un.
La musique c’est aussi une contingence technique : on est dans un climat tropical, c’est très humide, c’est très poussiéreux et il n’y a plus de magasins à part à Abidjan, un peu, mais les disquaires qui existaient dans les années 70-80 ont disparu.
Donc c’est souvent un coup de chance quand tu rencontres un lieu. Cet été j’ai rencontré un lieu qui avait des disques dont deux ou trois perles mais ça c’est un coup de chance ! C’est un créneau musical qui reste unique et il y a eu beaucoup de labels comme Soundway ou Analog qui ont un peu sillonné le terrain. Il y a beaucoup beaucoup de diggers maintenant qui vont en Afrique chercher les disques. Du coup, ça devient de plus en plus rare parce que les pressages étaient très limités.
-Comment ça se passe concrètement quand vous rééditez ? Vous allez chercher des bandes ?
Il n’y a plus de bandes en Afrique ou très peu. Il y en a quelques unes encore au Nigeria. En Côte d’Ivoire, on en a trouvé mais elles sont gâtées, elles sont dans des états impossibles et c’est limite plus compliqué de les transférer. Alors ce qu’on fait, c’est que l’on essaie de partir de deux ou trois vinyles et on va faire un montage sonore. On a un mec au mastering qui déclique avec des matériaux nouveaux de décliquage, qui clean les albums. Mais c’est compliqué… Là par exemple, sur Orlando Julius, si on sort cet album maintenant c’est que le maxi a pu être exploité. Ma copie était bonne sur un morceau mais le reste de l’album n’était pas bon… Et là on a pu trouver un pote qui a trouvé un petit stock et donc on a pu exploiter toute la bande.
– Combien de temps ça prend généralement de faire une sortie ?
Alors après, c’est financier parce que c’est quand même des gros coûts. On fait des pressages 180 grammes, des grosses pochettes cartonnées parce que justement la concurrence est d’un niveau tel qu’on ne peut plus arriver avec des petits pressages format 12 inch comme il y avait il y a encore 10-15 ans. Donc c’est des coûts assez onéreux, par conséquent, il y a un problème comptable qui rentre en jeu, celui de pouvoir enchaîner les suites. Sur la compile Côte d’Ivoire, on a mis quatre ou cinq ans parce que c’était un long boulot. Il y avait 14 titres et 14 licences, c’est compliqué. Une licence c’est la demande de reproduction d’un morceau existant sur un format nouveau. C’est à dire que, soit tu édites un morceau à l’identique, soit tu fais une compilation. Donc par exemple sur Orlando Julius on a fait une demande de licence : une demande de droit d’exploiter son album, sur un format donné, en l’occurrence en vinyle et en digital, pendant une période donnée.
– J’imagine que ça doit être compliqué de trouver les détenteurs des droits ?
C’est très très très long !
– Et comment est-ce que c’est reçu quand vous allez voir les détenteurs pour négocier les droits ?
Ils sont ravis ! Par exemple Orlando Julius ne savait même pas que son album était sorti ! Des fois il y a des surprises comme ça ! Il y en a aussi qui sont héritiers donc ils sont contents que la musique de leur père soit ressortie. Après l’idée, c’est que c’est une aventure commune, il y a une avance d’argent donc ce n’est pas de l’exploitation : eux ils sont contents que des petits jeunes de Paris s’intéressent à leur musique et puis voilà.
Ce qui est marrant, c’est que c’est une musique qui est écoutée plutôt majoritairement à l’étranger. On vend essentiellement au Japon, aux Etats-Unis, en Australie, en Allemagne etc… Ça reste une musique sur une clientèle disons de 30-40 ans, fidèle à l’objet, le digital n’a pas la même importance. Ogassa par exemple, c’est un groupe obscur béninois et c’est pas forcément un truc dance floor que tu peux mettre le samedi.
Après il y a des morceaux “club”. Cette année on va faire faire des edits par des DJ’s et Alma Negra vient de nous faire aussi un mix sur Sofrito. C’est aussi pour essayer de colmater cette brèche entre la musique d’appartement et les DJ’s qui veulent aussi envoyer du club et qui font aussi partie de notre clientèle. Moi je suis DJ, voilà, j’aime bien aussi jouer ces disques.
-Est-ce que tu as conscience à travers ça que tu as une forme de responsabilité par rapport à la culture africaine ?
J’ai toujours dit qu’on était archiviste. Je suis rentré du Sénégal cet été, j’étais dans les archives, elles sont dans un état déplorable, les disques sont cassés etc… Donc évidemment quand on fait un truc sur le Ghana, c’est de l’archivage. C’est susciter de l’intérêt sur une population qui n’est pas forcément à l’écoute ou focalisée là-dessus, sur des territoires pas forcément touristiques et sur des musiques pas forcément populaires. Même si on est à la marge, dans une niche, et qu’on ne vit pas de ça, parce que c’est pas suffisant économiquement et pas viable, c’est un lourd boulot. Quand tu as des ambitions de compilation avec une “Histoire”, faut pas se rater, c’est toute la limite. Tu deviens historien, archiviste, tu es un peu tout, c’est un ensemble…
-Et toutes ces recherches nous permettent de découvrir des morceaux et des artistes que l’on n’aurait jamais pu connaitre…
C’est une niche ! Et c’est assez frustrant parce que l’afrobeat, afrosoul, c’est une musique qui est au carrefour de plein de genres en fait. Il y a du jazz, des grands ensembles, des harmonies funk, de la musique traditionnelle, des percussions originales localisées, des dialectes locaux… C’est des grands ensembles souvent de 10, 15 ou 20 musiciens qui ne se feront plus. Maintenant qu’il n’y a plus de coûts de production et que la musique ne se vend plus, ces sons n’existent plus. C’est en train de disparaître parce que l’état des disques est déplorable et l’archivage, on en revient, n’est pas fait. Du coup, le temps presse. En même temps, il y a beaucoup de labels qui sont nés mais tant mieux, mieux vaut ça que rien ! En espérant qu’il y ait des focus plus intéressés sur des radios, que les gens aussi s’intéressent à cette musique. Parce que ça peut susciter du live, tu vois :une personne comme Orlando Julius tourne toujours… Moi mon rêve c’est de le faire rejouer à Paris parce que le temps passe, il est né en 1943… Le dernier que l’on a réédité est décédé, l’idée était aussi de le faire tourner. Enfin, l’idée c’est aussi que ce n’est pas une musique de vieux pour les vieux, c’est aussi montrer que ça a un intérêt aujourd’hui. Et que musicalement c’est super intéressant, c’est pas forcément de la réédition pour de la réédition.
-Quelle sortie t’a donné le plus de mal ?
Pierre Antoine, on a mis 5 ans à retrouver son frère. Pierre Antoine est décédé à 40 ans, c’était un artiste ivoirien, qui a eu une carrière assez compliquée. Il a tourné beaucoup en Côte d’Ivoire. Les gens faisaient des reprises yéyé (dans les maquis on jouait de la chanson française, on faisait des reprises de Johnny etc…). Et lui il a compris la musique de Fela très vite et il a compris l’importance que ça avait, du coup sa musique a été très influencée par lui . Parfois trop, les journalistes ont dit que c’était du sous Fela …
Après, il est parti faire de la pop ivoirienne mais son disque, du coup ,est très rare, coûte très cher, et les quatre ou cinq copies qu’il y a dans le monde sont en mauvais état… J’étais très content de rencontrer son frère. Je suis parti à Cotonou parce que le label était basé là-bas, au Bénin. Le label a disparu et visiblement l’ayant droit c’était compliqué… Donc j’étais très content de retrouver son frère en septembre, c’est quelqu’un de très brillant. C’est pour ça aussi qu’on fait ça. Déjà, ça nous permet de voyager pour rencontrer des gens chez eux, aller chercher des disques chez eux… Et puis c’est des belles rencontres comme ça ! Le mec était érudit, intelligent, hyper fan de son frère… Et c’est un album totalement obscur qui, musicalement, est monstrueux : c’est un afrobeat avec du piano ce qui est très rare, il y a beaucoup de synthé etc… Donc ce disque-là, on a mis du temps à pouvoir enfin le rééditer.
Orlando Julius c’est une belle histoire aussi, ça a mis du temps ! C’est un disque que j’ai trouvé en 1999 ou 2000 au Sénégal et puis on a mis 10 ans pour le ressortir. D’abord sur une compile de l’Impala puis ensuite j’ai pu vraiment le rencontrer.
Donc je suis très content parce que moi j’ai un rapport très intime avec Orlando, c’est comme un membre de ma famille.
-Est-ce que tu as des souvenirs forts qui te passent en tête ?
Plein ! Je rentre du Zimbabwe et là j’ai rencontré un des plus gros producteurs de musique zimbabweénne chez lui, il m’a vendu quelques disques… C’est quelqu’un qui était basé à Londres, il a joué avec les plus grands, du coup ce sont des messieurs qui sont âgés, ce sont des espèces de sages de la musique, ils doivent avoir à peu près 70 ans : ce sont des gens qui ont des parcours impressionnants ! Après, ce qui est drôle aussi, ce sont les parcours des gens. Sur une compile, il y en a un qui est devenu prêtre évangéliste en Caroline du Nord, un autre qui est politicien au Cameroun, Harry Mosco est dans le commerce de vin international ! C’est des parcours de vie ! La musique a été un ancrage : après il y en a qui continuent comme Orlando, donc c’est aussi toute cette filiation de vie qui est intéressante à suivre.
-En tant que digger, est-ce qu’il y a un disque auquel tu rêves particulièrement ?
DES disques ! Là par exemple je rentre d’Afrique du Sud, je suis passé à Johannesburg et il y avait une scène de jazz sud africain. J’étais un peu frustré parce que je savais qu’il y avait des disques et que c’était musicalement hyper intéressant. Après il n’y a pas un disque en particulier, non, c’est plutôt des disques et c’est un peu l’avantage. En dix ans, beaucoup ont été réédités, retrouvés, mais c’est toujours des disques obscurs avec un ou deux tracks. C’est l’avantage de ce boulot, j’ai commencé, comme ma génération, il y a moins de 20 ans et ça ne s’arrête jamais en fait ! Parce qu’il y a eu de la soul partout, il y a eu des quantités de petits pressages et il y aura toujours un petit 45 tours obscur au fin fond du Kenya ou au fin fond du Botswana, c’est ça qui est cool, c’est que c’est infini.
Après, en tant que producteur, l’idée, c’est aussi de produire des trucs en production actuelle, que les choses marchent et qu’elles soient écoutées.
-Est-ce qu’il y a un regain d’intérêt pour les rééditions ?
Oui, il y a un regain d’intérêt depuis une dizaine d’années, c’est ce qui a poussé Soundway à nous rencontrer en thématisant avec le Ghana. Avant il y avait des compiles afro mais ils mélangeaient tout et n’importe quoi. On a thématisé, des gens comme Analog Africa ont fait des gros bouquins sur chaque sortie etc… La concurrence a vraiment fait un bon boulot, a mis la barre très haut, donc ça c’est pertinent. Il y a un vrai regain d’intérêt. En même temps, c’est une technique. Théoriquement, c’est une musique qui a été portée par Fela qui a chapeauté toute cette scène. Il est décédé, ça manque un peu de relais actuels… Ça manque un peu de figures qui suscitent du live, qui suscitent des soirées. Cette nuit, je diggais les scènes, elles sont pour l’instant un peu aux Etats-Unis, un peu en Suisse… Heureusement, il y a des gens qui se bougent. Là je suis parti à Mulhouse, à Nantes et il y a quelques petites scènes. Il y a des festivals rock, des festivals reggae mais nous, on a encore une scène très disparate. Malheureusement, comme c’est de la réédition, tu t’approches d’un objet ancien mais ça manque un peu de live… Ce qui nous faut c’est un peu plus d’actualité et des groupes qui boostent.
-Pourquoi penses-tu qu’il n y a pas ça aujourd’hui ?
On en revient au son et voilà il n’y a pas un son nouveau, il n y a pas un souffle nouveau. On a beaucoup copié de sons. Et puis en terme de charisme, en termes de chansons, il y a quand même des morceaux qui ont explosé les scores et qui sont passés au dessus de Nova, de Fip… mais ça reste toujours des niches. Historiquement, les musiques tropicales on toujours été un peu à la marge. Donc je pense que c’est frustrant parce que qualitativement il y a des choses monstrueuses. Quand tu écoutes Pierre Antoine, il y a du jazz, il y a de la soul, il y a de la funk… C’est un terreau où plein de gens pourraient s’y retrouver et faire qu’économiquement, ce soit plus florissant que les quelques vinyles pour les Japonais, les Américains, etc…
-Est-ce qu’on t’a déjà contacté pour des samples ?
On s’est déjà fait sampler. Après moi, je suis historiquement beatmaker et je ne suis pas très procédurier. Ça m’ennuie sur des bootlegs quand les gens font des rééditions sans prendre des droits et il y en a eu pas mal du coup je suis plus pointilleux sur les bootlegs que sur le sample. Là Orlando Julius ça m’aurait saoulé parce que le mec est encore en vie : commercialiser des choses sans demander les droits je trouve ça un peu abusé.
-Du coup il y a des gens qui samplent ?
C’est un peu la même démarche, une fois que tu as utilisé les samples de soul des années 1970… les gens sont très désireux d’en avoir des nouveaux. Et tu vois des mecs comme Jay Dee qui avaient samplé Rob, évidemment, tout est lié. Moi je viens du hip-hop, j’étais beatmaker et une fois qu’on a parcouru des samples et des samples c’est vrai que l’afro c’était ce territoire nouveau, où en plus il y avait tout ce passé qui était dans le sac à dos. C’était pour moi la continuité évidente.
-Justement qu’est-ce qui te parle dans la musique africaine ?
Je ne sais pas comment expliquer… C’est la belle mise en place des harmonies. C’est hyper riche, c’est symphonique, c’est la façon dont les choses s’imbriquent et c’est comme un beau tableau ou une bonne bouffe, c’est comme quand les choses s’imbriquent parfaitement. Sur beaucoup de morceaux de soul, ils ont réussi à faire l’espèce de transversale lorsque James Brown est arrivé en Afrique et a imposé cette espèce de soul, les gars ont réussi à trouver le lien avec les musiques traditionnelles, les harmonies locales, vocales, et souvent les morceaux sont forts. On parlait de Rob, on parlait de K.Frimpong, au niveau de la guitare c’est juste un magicien. Le mec c’est un virtuose et il est totalement passé inaperçu pendant des décennies. Donc, ça reste de la musique avant tout. On n’est pas à la recherche de la niche et de la rareté pour la rareté, musicalement c’est plus puissant.
-Un dernier mot ?
Achetez du vinyle, écoutez de la musique, soyez curieux et puis à bientôt dans les soirées ! A bientôt sur le Mellotron ! On a un show radio toutes les deux semaines. On s’occupe en parallèle de l’actualité des sorties « tropicales » en supportant les potes de labels et voilà ! Aidez les petits labels en supportant et en achetant de la musique !