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Passé en un peu plus de deux ans des bars aux salles et des salles aux bacs, le collectif parisien D.ko est devenu un label dont la première sortie, intitulée – d’une façon très française – Cœur d’Artichaut, vient tout juste de sortir. Le collectif a déjà fait ses preuves à Paris, derrière les platines et via leurs programmations. Après avoir invité des artistes renommés comme Amir Alexander, Genius of Time, Oskar Offermann ou récemment Dj Rolando pour ne citer que les plus connus, qu’en est-il de cet EP ?

  L’EP est de bonne facture : les tracks sont généralement très bien mixées même si c’est surtout le mastering qui impressionne, le son est vraiment beau. Côté sonorités, on nage dans une deep house aux contours nostalgiques, quelque part entre le synthé qui pleure d’un Benjamin Brünn et/ou d’un Move D, et celle de Motor City Drum Ensemble, tout autant organique mais d’une manière plus lancinante… Vu de loin, l’EP apparaît aussi cohérent que deep. Dans le détail, certaines tracks s’en sortent pourtant mieux que d’autres.

 C’est clairement ce titre « I never » de Paso qui l’emporte, et les premiers feedbacks des DJ’s internationaux ne s’y trompent pas. Le sample orchestral est sublime, bien découpé et le début est vraiment bien mené. Le break est efficace, il aurait pu être plus dense mais le bel équilibre atteint avant et après compense cela. C’est définitivement la track qu’on retiendra même si ce n’est pas forcément le meilleure. Toute autre est « Bibifle » de Flabaire. Le début y est aussi très bien mené et l’on entend bien la TR qui tape, la construction est bonne. Déjà, le ton est différent : on est plus du côté de Chicago. La configuration rythmique et mélodique est bonne, peut-être toutefois qu’elle n’évolue pas assez et que la texture des synthétiseurs apparaît moins brillante à terme. C’est dommage car il y a vraiment un potentiel dans ce morceau et l’on peine un peu à rentrer dedans, on aurait aimé mieux saisir le poids du son, ce qui lui apporte sa charge émotionnelle.

 La face B est plus cohérente et toute aussi intéressante. « Quartier Sex » de Mad Rey est très efficace, traîne en longueur mais de manière subtile, à la MCDE justement – avec le drum programming et les synthés qui vont avec. C’est très agréable. Le break joue d’ailleurs très bien la fonction absence en s’étendant, les samples vocaux y sont intéressants et le drop arrive sans prévenir. Une recette qui fonctionne ! C’est sûrement le track qui, à première vue, s’éloigne le plus du thème mais qui, en dernier lieu, en offre une forme différente, pas forcément dégradée. Ca n’en reste pas moins une des plus réussies. C’est un peu la même chose pour le remix de Petr Serkin même s’il faut avouer, compte tenu de toute part de subjectivité que comprend une review, que la tambouille ne prend pas forcément. Le track est assez neutre, et n’apporte pas de solution au problème que se posent différemment chacune des trois pistes. Côté dancefloor, on dansera, et l’on dansera même bien – cela ne fait pas de doutes, ce n’est pas mauvais et c’est même d’ailleurs audacieux quand on écoute l’original. Côté écoute hors contexte, on aimera ou l’on n’aimera pas – on fera son choix très vite en tout cas.

 On retiendra surtout la cohérence de l’EP, son efficacité, ses qualités donc mais aussi ses quelques défauts. Ambitieux, réalisant largement le cahier des charges, l’EP n’est pas cette centrale à fusion des émotions qu’il rêverait d’être mais il est déjà une bien belle éolienne qui souffle et souffle… On souhaite au collectif de nous proposer rapidement une seconde sortie au moins aussi bonne.

 Vous pourrez retrouver le collectif et ses amis à l’occasion de la release party de cet EP, de 12h à 00h, dans un ancien immeuble industriel désaffecté à Montreuil.

D.ko01 – Coeur D’Artichaut Ep

A1 Flabaire – Biblife
A2 Paso – I Never
B1 Mad Rey – Quartier Sex
B2 Paso – I Never ( Petr Serkin Remix )