Septembre 2007. Fièrement diplômé d’un baccalauréat obtenu contre toute attente, je file commencer mes études supérieures à 100 kilomètres tout pile au dessous de Lyon dans une ville nommée Valence, et non pas Valencia. J’ai découvert cette ville de taille moyenne sans a priori, ni de snobisme lyonnais, avec la naïveté qui caractérise n’importe quel enfant de 18 ans quittant le cocon familial. J’ai donc appris à connaître cette ville que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam, sans jugement préalable. Et à vrai dire, je n’y ai pas découvert grand chose (musicalement, lire ce qui suit) … La scène musicale y était quasiment inexistante et peu (ou pas) de collectifs existaient à ce moment-là : de timides et honorables initiatives ont permis de drainer Uffie ou le Toxic Avenger (oui, c’était en 2007) dans des discothèques où une population plus qu’hétéroclite avait du mal à cohabiter. Jusqu’au jour où je tombe para hasard sur un flyer réunissant un DJ bien connu de nos services, Fulbert, et un ami de longue date, La Biche, dans une boîte de Bourg-Lès-Valence. Renseignements pris, il s’agissait d’un collectif nommé Turbulences qui, comme son nom l’indique, remue la capitale de la Drôme depuis 2 ans.
J’ai quelque part reconnu un peu d’eux en nous, Phonographe, dans la mesure où nous avons vite été déçus par la vie nocturne rémoise et avons décidé de contribuer à l’effort de guerre en proposant nos propres fêtes. Nous sommes donc rentrés en contact avec ces trublions qui s’échinent à booker des artistes pointus (Clara Moto, Squarehead, Maxime Dangles, Palma, Renart) et à développer une vision large de la nuit (son, installations). On a vite constaté que l’on avait beaucoup de références communes, une playlist était obligatoire…
Victor Mantel, directeur artistique de l’association, a répondu présent. Le projet Turbulences est dorénavant en suspens, mais ce jeune graphiste a la bougeotte et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Depuis quelques semaines, il est installé à Berlin où un projet prendra très probablement forme… En attendant, il continue de gérer ses activités au sein de Courtship, collectif lyonnais dont il est DJ résident, et de Noctua (Paris), en tant que Sköwl. La sélection suivante ratisse ses influences Soul, House, Deep House, Rock, Techno. Les connexions se font.
Max Berlin est le frère de Greg Cerrone. Malheureusement peu connu, ce morceau, ou plutôt ce poème a fait l’objet de plusieurs remixes tous plus foireux les uns que les autres. Rien ne vaut l’original, véritable bijou neo-discoïdo-gainsbourien. Parfait pour commencer.
Foreign Fields – A Difficult Year
Histoire de plomber l’ambiance, j’ai choisi un titre du duo de folk électronique Foreign Fields sorti sur leur album Anywhere But Where I Am l’année dernière. La légende raconte que le disque aurait été enregistré dans un immeuble de bureaux abandonnés du Wisconsin, en plein hiver, sans chauffage.
En préparant cette sélection je me suis posé une question… Comment est-il possible de choisir dix morceaux sans en mettre un seul de New Order ?
Si le nom de Bobby Rydell vous est inconnu, on pourrait croire que le musicien était un gros chanteur de soul black durant les années soixante. Alors que non, c’était un petit blanc tout maigre, coincé dans un costume trop serré mais avec un irrésistible mojo.
Il m’est arrivé d’utiliser plusieurs fois ce morceau en introduction de dj set. Le beat lent, les notes de synthé hypnotiques, les chœurs envoutants, le piano rythmique, les petites cocottes de guitare, le break de perçu bien groovy et même quelques cuivres bien pensés, tout y est, sans jamais surcharger. C’est doux, sexuel, chaud et captivant.
Erdbeerschnitzel – Separate Spaces
Pour revenir à une production plus actuelle, j’ai choisi ce titre de deep house progressive de l’allemand Tim Keiling alias Erdbeerschnitzel. C’est un peu comme si le soleil pointait le bout de son nez après plusieurs jours de grisaille. Ça sent bon l’été !
Mr. G est l’un des producteurs que je respecte le plus aujourd’hui. L’efficacité d’une house à la fois simpliste et brutale. Voici le morceau Jamming sorti chez Warm Sounds il y a quelques mois.
Ce titre de Surgeon traine au fond de mon disque dur depuis un bon nombre d’années. Je pense que c’est l’un des morceaux les plus fabuleux sortis sur le label historique de la techno, Tresor. Attention, ça fait très mal.
Ventress – Typhon (Abdulla Rashim Remix)
Voici une des dernières productions en date du suédois Abdulla Rashim (notre interview ici), avec qui je vais avoir la chance de partager l’affiche le 29 juin prochain au Glazart à Paris pour la troisième édition de Noctua.
Double Exposure – My Love Is Free (Original Tom Moulton Mix)
Pour terminer, j’aimerais rendre hommage à l’un des plus grands producteurs de disco de tous les temps, Tom Moulton. My Love is Free interprété par le groupe Double Exposure. Immense.
Retrouvez Victor sur ses prochaines dates :
12/06 — @ Chalet (Berlin)
29/06 — Noctua #003 @ Glazart (Paris)
Évènement Facebook > https://www.facebook.com/events/535989016458335/?fref=ts
Et sur l’internet (www.victormantel.com), Facebook (www.facebook.com/victormantel) ou Twitter (www.twitter.com/victor_mantel)
Pour le reste :
Turbulences > www.turbulences-valence.fr
Courtship > www.courtship.fr
Noctua > www.noctua.co
