Cela faisait longtemps qu’il traînait sur mon bureau ce nouvel album de Darkstar. Peut-être bien un mois et demi qu’il était là, sur le haut d’une pile de CD même pas ouverts, me rappelant à chaque fois que je m’asseyais à mon poste de travail que je devais l’écouter. Mais jamais je ne trouvais l’envie, par flemme ou par manque de curiosité, je ne saurais dire, parce que Darkstar ça n’a jamais été trop mon truc. Jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose d’étrange la semaine dernière lorsqu’enfin, j’ai écouté leur “News From Nowhere” par pur hasard.

Au début des années 2000, James Young croise la route de d’Aiden Whalley dans l’underground londonien grime et dubstep qui commence progressivement à faire parler de lui dans la musique électronique. Dans le désormais mythique FWD Club de la capitale britannique, ils rencontrent les personnes, les producteurs et les artistes qui ont fait la renommée de cette scène, alors en pleine effervescence et créativité musicale : Steeve Goodman aka Kode 9, Burial, Zomby, et bien d’autres. Le duo écoute, apprend, se forme et construit, sans le savoir, les bases de ce qui amènera plusieurs mois après, en 2007, à la naissance de Darkstar.

Cette année-là sera plutôt productive pour les deux amis. Ils montent leur propre label, 2010 Records, et sortent dans la foulée, leurs trois premiers Eps : Dead 2 Me / Break à l’univers dub bien marqué, Lilyliver / Out Of Touch, moderne, dansant et sensuel à la fois, et Memories (Remix)/Sayter produit en collaboration avec Zomby et qui sortira en revanche sur MG77 Label. Une année productive donc, qui leur permettra de sortir encore une poignée d’Eps en 2008, mais surtout de faire leurs preuves auprès de leurs pairs et de taper dans l’oeil de Kode 9.

C’est sur son label, le très célèbre Hyperdub, que James Young et Aiden Whalley, désormais rejoints par James Buttery au chant, vont composer et produire les tracks qui vont les mener au rang d’étoile montante d’une scène électronique underground UK en manque de renouveau. « Aidy’s Girl Is A Computer » sublime single qui marque cet élan créatif,  apparaît entre autre dans le classements des 100 meilleurs morceaux de 2009 de The Guardian et Pitchfork. Puis en octobre 2010 sort North, premier album du trio londonien, très attendu et salué par la critique, sur lequel on retrouve des morceaux empreints d’une énergie mélancolique, à l’image de « Gold », « Deadness » ou « North ». Une première consécration qui leur permet de faire le tour de la planète et de jouer dans les plus grandes villes du monde devant un public subjugué à chacune de leurs prestations.

Et nous voilà à l’aube de 2012 où le trio se retrouve face au retour en studio et à la composition du « terrible » second album. C’est loin de l’agitation londonienne et de la vie en milieu urbain, qu’ils décident de s’attaquer à cette tâche difficile. Isolés dans une maison de campagne au beau milieu du West Yorkshire, les trois amis œuvrent pendant plusieurs mois à la création de ce magnifique News From Nowhere, sorti le 4 Février sur le prestigieux label de Sheffield, Warp Records. Pour reprendre les mots de Darkstar, « c’est un album complètement différent de North ». Même la cover nous le montre : un bouquet de fleurs coloré et psychédélique vu à travers un kaléidoscope, remplace le visuel froid et rouge d’une usine qui apparaissait sur leur premier LP. News From Nowhere garde cette énergie mélancolique, mais avec une ambiance beaucoup plus chaleureuse, rythmée, voire aérienne sur certains morceaux. Magie de la campagne où transcendance de ses membres ? Je ne saurais répondre, mais l’album, produit par Richard Formby (Wild Beast, Herman Düne, Sonic Boom), regorge de multiples joyaux musicaux. On retiendra surtout « Timeaway » et « Young Heart’s » et leurs envolées pop, « Armonica » et ses beats hip-hop, et « Amplified Ease » pour son côté jungle-pop.

En plus de m’avoir permis de redécouvrir Darkstar, News From Nowhere m’a fait plus qu’admirer ce trio original et puissant d’une scène britannique à qui il manquait un groupe comme celui-ci pour être une belle représentation de ce que la musique électronique underground a à offrir aujourd’hui. Darkstar est désormais mon truc, et leur second album une petite bombe à retardement qu’il faut prendre le temps d’écouter, sans être pressé, pour l’apprécier.

hh

Darkstar – News From Nowhere, album désormais disponible, sorti le 4 Février

Darkstar sera en concert le 18 Février 2013 au Nouveau Casino (Paris) dans le cadre du festival FIREWORKS!