Victor H est à l’origine de la nouvelle mouture de Phonographe et de ses visuels. Ami de longue date du crew, il a accepté de nous faire partager ses talents de graphiste pour donner peau neuve à l’image du collectif. Nous lui avons demandé de nous faire partager 10 morceaux qui l’ont marqué au cours de ces dernières années.
Car, oui, en plus d’être un artiste de talent (en témoignent nos supports et affiches), il est un DJ exigent plébiscité sur la capitale et dans le Sud-Ouest pour animer des soirées Northern Soul et, plus récemment, les presque institutionnelles, Back in Time rémoises. Victor est passé par différents styles musicaux, du rock classique et de la black music au rap golden age et toutes les ramifications de ces genres : punk, new wave, acid jazz et j’en passe. Pour un garçon de 25 ans, sa collection de 45 et 33 tours a de quoi impressionner, surtout par sa qualité. On lui doit beaucoup, et c’est un plaisir de le mettre en avant. Son nouveau portfolio sera bientôt en ligne, restez connectés, on vous en informera bien assez tôt. En attendant, jetez une oreille attentive à cette playlist ascendante qui vous fera démarrer la semaine du bon ièp :
Luther Ingram – If It’s All The Same To You Babe
Beat solide, mélodie dramatique, chant fiévreux, autant d’ingrédients réunis pour faire de ce morceau un authentique missile northern soul. Enregistré à Détroit en 1966, il gagne sur le tard ses galons de classique en Angleterre grâce à la passion des diggers britons.
Morceau mid-tempo à la production plus raffinée que celle de Luther Ingram, enregistré un peu plus tard, il annonce les évolutions prochaines de la musique noire vers le funk voire la disco. Mention spéciale pour l’impressionnante voix de George Brown qui n’a rien à envier aux voix puissantes que l’on nous rabâche, Barry White et consort…
Nujabes – Waltz for Life Will Born
Pioché dans une anthologie du label nippon Hyde Out Productions, ce morceau est une perle. Coltrane, le Jazz modal et certains boppers sont dans les parages, inutile de tergiverser, Nujabes faisait partie des cool cats. Morceau psychédélique, enivrant et vivant, doté d’une classe folle, il devait être dans la playlist!
Exhumé par Gilles Peterson pour le troisième volume “Acid Jazz” du label Beat Goes Public, ce morceau jazz funk enregistré par ce live band d’Indianapolis met en lumière les talents de l’organiste Bobby Watley et d’une section rythmique aux petits oignons. Une démonstration parfaite de l’adage “Less is more”.
Emmené par Marc Moulin (à qui on doit en 1978 l’hallucinante reprise de “Twist à Saint Tropez” avec Telex, entre autre…), ce combo belge à l’homonyme bien perrave publient en 71 le disque “Ball Of Eyes” qui contient ce titre rebondissant qui aura fait la joie de tout les diggers, beatmakers et esthètes du disque
Ok, sample éculé, beat basique, etc. Mais ce titre des Charmels sorti en 1967 chez Volt et écrit par Isaac Hayes himself sert exactement ce titre musclé et affuté de Gramatik, parfait pour chiller dixit le bon Barthez, et à l’instar du C.R.E.A.M. du Wu ça fonctionne. À écouter dans le tromé avec un bonnet Fubu fluo et des Timberland aux panards…
Omas – What You’re Looking For
Encore un 45 tours topé au hasard chez Jazzman Records, excellent dealer anglais bien achalandé. Une face A tonitruante qui a le don de mettre feu à n’importe quel dance floor tiède. À l’écoute, il est d’usage de lever sa main et la balancer au dessus de sa tête en toute nonchalance.
En 1998, les frenchies de Tommy Hools réalisent l’exploit de réunir sur le même terrain quatre stades le temps d’un quart d’heure. Musiciens mais supporters avant tout (Auteuil…) ils distillent des beats remplis de clins d’oeil. Si de prime abord le titre “Manchester” marque la distance, sonne froid et austère c’est bien pour feinter son adversaire et lui faire tourner la tête sur une loop redoutable bien plus soul… 1-0, balle au centre.
Ce titre acid de 1987 concocté par des kids elevés à l’Hacienda suivant un régime chimique strict, est peut être un classique chez les amateurs d’électro et de house, mais il m’a fallu un certain temps pour l’apprivoiser, passer outre mes premières impressions de “morceau au saxo ringard et nappes de synthés cheap” pour finalement l’apprécier à sa juste valeur.
Quoi de mieux que de finir avec une séquelle de 2003 dédicacée cette fois aux chavs qui végètent dans les banlieues anglaises faites de briques et de public house à la moquette cramée. Des paroles limpides et subtiles, une loop obsédante, un refrain catchy à souhait, ces happy hooligans londoniens tapent le carton.