« Uncanny Valley », ou en français “La Vallée troublante”, fait référence à Dresde, capitale de la Saxe, traversée par l’Elbe et avant tout, ville natale d’un label des plus qualitatifs parmi ceux qu’on a eu la chance d’écouter ces 3 dernières années.
L’aventure commence par une tape en 2010 puis suit 4 Various Artists qui ont fait beaucoup de bruit avec des artistes tels que Thomas Fröhlich, Cuthead, Credit 00, Sneaker, Break Sl ou encore Jacob Korn. 4 various c’est donc une esthétique bien marquée tant sur la pochette qu’en musique. Viennent ensuite quelques Ep des artistes phares du label, un autre Various et maintenant le premier LP de l’enseigne portée par Jacob Korn.
De prime abord, Me &You apparaît comme très engageant, un appel au pacte entre l’artiste et l’auditeur, tel une profession de foi pour le rythme et la mélodie. Et puis il s’avère que ce premier long format s’apparente en fait plus à un recueil d’histoires piochées dans le studio de M. Korn. 12 histoires bien ficelées avec des intrigues qui tiennent en haleine, une heure durant.
En effet, depuis ses débuts dans la musique électronique au milieu des années 90, Jacob a toujours porté beaucoup d’importance au travail collaboratif. Ainsi, à chaque passage d’un artiste qu’il affectionnait à Dresde, ou même lorsque certains étaient seulement de passage, il n’a jamais manqué une occasion de leur faire faire un petit détour par son studio. De là naissent certaines affinités, de nouvelles amitiés et un échange toujours des plus intéressants.
S’il vaut mieux être seul que mal accompagné, Jacob Korn l’a bien compris et s’assure d’être toujours en bonne compagnie : on citera parmi ses compagnons de studio quelques noms éloquents : Christopher Rau, Mr. Raoul K (son Phonocast ici), San Soda, Kid A, Cuthead… Les collaborations offrent un large éventail d’ambiances qui se succèdent intelligemment tout au long de l’album. Du morceau estival et ensoleillé, au hit house vocal, en passant par la ballade aux accents UKBass ou par le langoureux et mélancolique track downtempo.
On apprecie particulierement :
Jacob Korn & San Soda – Punta del Este
Morceau ensoleillé et très joyeux, une tuerie qui évoque les vacances et vous fait voyager au delà de vos “enceintes”.
Jacob Korn & Johannes Held – Mit der nächsten Welle
Un track un peu plus lent que les 11 autres doté d’un atmosphère à la fois mélancolique et inquiétante qui vous touche plus facilement.
Jacob Korn & Swede : Art – Shock me
Un track empreint de Bass Music qui vient apporter un peu de fraicheur et la tonalité house de l’album.
Jacob Korn & Sneaker – Heteronomous
Un gros track 50% deep, 50% énervé avec des nappes qui rappellent « Kebekelektrik – Magic Fly » et des sonorités acid house pour un effet old school qui fait bien plaisir.
Le verdict : 9/10
On aime :
Le concept de l’album qui est exploité de manière ingénieuse pour un travail rétrospectif réussi.
Les invités ont été choisis avec soin et on sent la présence de chacun sans pour autant être étouffé par la signature sonore de l’hôte.
Même la pochette a été le fruit d’une collaboration de 7 graphistes différents : à Dresde on ne blague pas lorsqu’il s’agit de travail d’équipe.
On regrette :
Peut-être un ou deux vocaux un peu trop sucrés, mais là c’est vraiment très subjectif, il n’y a vraiment rien à jeter.