On vous avait présenté le festival Electrosanne comme notre nouveau partenaire, et comme dans tout partenariat il s’agit d’échange. De là on aurait pu se contenter d’un simple jeu concours, d’une tombola de plus sur notre site internet, cependant nous avions dit précédemment à quel point le projet nous tenait à cœur on voulait donc quelque chose de plus constructif . Nous avons donc profité de la soirée organisé en l’honneur du festival Electrosanne au Nouveau casino pour rencontrer deux des organisateurs fondateurs du festival. Bautista programmateur et Gallien directeur du Festival qui nous en dit plus sur cette aventure humaine qui prend place il y a 7 ans au bord du Lac Léman.
– Salut les gars, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Bautista : Bonjour, je m’appelle Bautista, je suis l’un des fondateurs d’Electrosanne, et directeur artistique du festival.
Gallien : Salut, moi je m’appelle Gallien, je fais également partie des fondateurs du festival, et j’en suis le directeur.
– Initialement Electrosanne ça part de quoi ?
Gallien : Au commencement, Electrosanne part d’une simple soirée electro dans une petite salle lausannoise. Nous n’avions pas forcément prévu que ça devienne un festival, c’est vraiment venu comme ça.
Bautista : On a eu de la chance d’avoir un gros succès la première année, donc on s’est dit «pourquoi ne pas continuer». La deuxième année on a fait deux jours et deux salles, et ainsi de suite. Là on arrive à la septième édition, et on en est à cinq clubs, deux scènes open air et quatre jours de festival. C’est comme ça que chaque année ça évolue de manière simple et logique. On avait de plus en plus de demandes et donc on a fait croitre le festival, jusque l’année dernière où je crois que nous avons atteint la taille maximale. Pour l’instant nous n’avons pas la taille disponible pour faire plus.
– A l’avenir comment voudriez-vous que le festival évolue ?
Gallien : Le but du festival Electrosanne c’est d’être qualitatif, donc de ramener de belles choses. On n’a pas la volonté d’être le plus gros événement de la région, mais d’être un bon festival. On est très ouvert mais on veut respecter une certaine exigence dans notre programmation.
Bautista : Si on voulait s’agrandir on devrait aller en dehors de la ville, peut-être dans un champ ou quelque chose comme ça. Ce n’est pas vraiment ce que l’on recherche. On veut garder ce côté urbain, car le festival a lieu en plein coeur de Lausanne. Puis également cette lignée musicale qui est axée découverte, avec pas mal de noms peu connus.
– Lorsque vous aviez commencé le festival, y avait-il déjà une scène locale à Lausanne ?
Bautista : Oui, Lausanne reste en Suisse une référence au niveau de la culture club. Il y a pas mal de clubs, et tout au long de l’année tous les gros DJs internationaux défilent ici. Donc depuis une vingtaine d’années on a une scène locale assez solide qui était surtout axée techno.
Gallien : On a profité de cette éclosion de la scène électronique à forte influence française. C’est aussi grâce à ça qu’on a réussi à développer Electrosanne. On est arrivé au bon moment au bon endroit.
– Comment avez-vous vu évoluer la scène locale ?
Bautista : C’est dur à dire. Par rapport aux clubs, il y a quand même quelque chose qui s’est perdu. Ça devient de plus en plus dur, il y a tellement de concurrence et les lois anti-tabac n’ont pas aidées. Les gens prennent de moins en moins de risques, et il y a tout de même une perte en terme qualité musicale. La plupart des Djs sont bookés car il est certain qu’ils vont remplir la salle. Pour les artistes suisses, c’est toujours dur pour eux, ça reste un petit pays avec de petites villes donc il n’y a pas forcément toutes les synergies qu’il y a dans les grandes villes comme Londres ou il existe beaucoup de labels, de producteurs et de salles. Malgré tout, il y en a qui réussissent : on a des monstres comme Luciano et Round Table Knights par exemple !
– La première soirée que vous aviez organisée dans ce club, était-ce avec la volonté de faire découvrir la scène locale ou aviez-vous opté pour ramener une tête d’affiche ?
Bautista : Disons que pour la première édition, l’idée c’était juste de faire une grosse fête. On avait juste amené un artiste espagnol qui n’était jamais venu… On voulait vraiment proposer quelque chose de différent. Mais ce n’était vraiment pas dans le but de partir sur un festival. C’est après que l’on s’est posé la question «comment développer tout ça ?», et que l’on a essayé de s’axer sur la découverte en proposant des artistes un peu pointus.
– Vous avez choisis cinq lieux, pouvez-vous nous en parler ?
Gallien : Les choix se sont faits naturellement.
Bautista : Ce sont des clubs qui ont une programmation dynamique tout au long de l’année.
Gallien : Puis c’est aussi des clubs qui ont un certain bagage en musiques électroniques et qui avaient ou ont encore une réputation dans ce milieu là. C’est pour ça que ça nous a semblé tout à fait pertinent de faire ça là bas.
Bautista : En plus ce sont des lieux de tailles différentes et spécialisés dans des styles différents. C’est aussi quelque chose d’important dans le festival cette notion de diversité et de programmation éclectique.
– Comment avez-vous choisi la programmation de jour et de nuit ?
Bautista : On fait tout un travail de recherche tout au long de l’année. On sort, on va voir des artistes et ce qui se passe sur le web. On démarche les agents des artistes qu’on aimerai bien faire venir, et cela se construit par rapport aux disponibilités des artistes et à notre sélection initiale. Au niveau du style, comme on l’a dit auparavant, la volonté qu’on a c’est d’être le plus éclectique possible. Après c’est sûr il y en a qui nous plaisent plus que d’autres. On répond également à une certaine demande et tendance. À une époque la tendance c’était la minimale ; une autre année il y a eu beaucoup de techno ; maintenant c’est la UK Bass.
– Au cours de ces six dernières années, quelle est votre plus grande fierté par rapport au festival ?
Bautista : Je pense que c’est d’avoir relevé ce défi et d’avoir pu continuer à chaque fois en faisant croitre l’événement. Mais également le fait d’avoir acquis une certaine notoriété qui devrait nous permettre de continuer ce qu’on fait pour encore quelques années ! Quand on a commencé j’avais 18 ans, Gallien en avait 20, on est arrivé avec le projet et on nous riait au nez. Il y a plein de gens avant nous qui avaient essayé de faire un festival electro à Lausanne et ça n’avait pas marché.
Gallien : Pour moi, une des plus grandes fiertés, c’est de proposer des scènes gratuites de qualité, et de voir que les gens sont réceptifs. Parfois on prend pas mal de risques sur ces scènes au niveau de la programmation, c’est donc touchant de voir un public qui suit.
– Ça avait l’air difficile au début de s’imposer, quels ont été les plus grands obstacles que vous ayez rencontrés sur le festival ?
Bautista : C’est surtout des problèmes financiers dus aux scènes gratuites. Quand nous avons commencé on faisait une programmation qui nous coûtait chère pour un évènement gratuit.
Gallien : Il y a également eu un problème de crédibilité. Avant nous, plein de gens ont essayé de faire des choses dans la musique électronique, et cette musique n’avait pas forcément une image très positive auprès de la population.
– Parce que normalement Lausanne ça ne bouge pas trop ?
Bautista : Ah non, Lausanne c’est une petite ville mais il y a énormément de clubs et de festivals « open air » l’été ! C’est juste que l’on proposait quelque chose de complètement différent, et qu’on était des gamins… Autant dire que c’était pas gagné d’avance. On a dû faire nos preuves et gagner en notoriété.
– Vous parliez de budget important. Cette année vous avez une scène Red bull, que pensez-vous des initiatives de certaines marques sur ce type d’événements ? Qu’est-ce que ça vous apporte ?
Gallien : Ça nous aide énormément car c’est une manne financière non négligeable. Avec toutes ces histoires de crises et la nouvelle mode des partenariats en win-win où les sponsors ne donnent pas de cash, c’est très positif. Maintenant il faut savoir qu’on a déjà eu d’autres propositions mais il faut faire attention à qui on s’associe. On ne va pas non plus galvauder une scène. La RBMA c’est quelque chose de particulier pour nous car ce n’est pas qu’une histoire de revenu, c’est un projet qu’on aime beaucoup et que l’on défend à côté d’Electrosanne.
– Quels vont être selon vous les temps forts de la programmation ?
Bautista : Il y a la soirée de samedi à la Place Centrale, avec Aquarius Heaven. C’est l’un des artistes qu’on a tenu à booker en premier cette année, on voulait absolument le faire venir. Il sera suivi par Damian Lazarus sur cette scène. Todd Terje est également un des gros coups de cœur de cette édition, tout comme Moomin et Christopher Rau. Au Loft Club, la soirée BBC avec Benji B et DJ Q devrait être incroyable aussi !
– Vous avez des habitués qui reviennent chaque année ?
Bautista : Oui, c’est le cas deDJ Q. On dit souvent que le Montreux Jazz Festival a Quincy Jones et que Electrosanne a DJ Q ! Avec certains artistes on a réussi à construire des relations solides. Au niveau local on a les Djs de notre Crew (à la base notre association est une agence) : Adry, Zombidou, Chukks et Horasse
– Selon vous qu’est ce qui fait que les artistes reviennent chaque année ?
Gallien : C’est l’accueil mon gars ! Avec toutes les binchs, le rhum et l’ambiance qui vont avec !
Bautista : C’est vrai qu’on a toujours fait attention à l’accueil. Chaque artiste a une personne qui s’occupe de lui du début à la fin et qui l’emmène partout.
– Vous aviez dit précédemment que vous étiez arrivé au stade de saturation du festival. Comment voyez-vous le festival dans cinq ans ?
Bautista : Il y a tout un truc qu’on essaye de développer en parallèle de la partie musicale, c’est un endroit dans Lausanne qu’on appelle le Centre d’Arts et de nouvelles Technologies, où l’on trouvera des conférences, des workshops, des expos, des petits concerts privés et des brunchs musicaux.
Gallien : On voudrait développer des synergies entre les musiques électroniques, les arts plastiques et les nouvelles technologies. Un festival de culture électronique se doit de faire autre chose que de la musique et d’apporter autre chose qu’un simple concert et du «boom boom».
Bautista : Dans cinq ans, peut-être qu’en plus des clubs et des scènes «open-air» on pourrait penser à une belle salle de concert où on pourrait faire des choses qui nécessitent plus d’infrastructure, comme des lives avec des installations visuelles. On s’est souvent retrouver dans des situations où l’on ne pouvait pas faire venir des artistes car on manquait d’infrastructures et de taille.
– Si vous deviez dire une chose pour donner envie à nos lecteurs de venir, qu’est-ce que ce serait ?
Bautista : Moi je dirais qu’il faut vraiment venir car le programme est très riche, en une journée il y a tellement de choses à voir. On parle de cinq clubs pour la partie «nuit», et deux scènes en plein air et un centre d’arts pour la partie «jour»… Il y a beaucoup de choses à faire et tout est à deux trois minutes. Pour un festival urbain c’est sympa !
Gallien : Au delà l’aspect musique, il y a un truc cool à Lausanne, c’est que la ville est en pente. Du coup les filles font pas mal de sport et sont donc plutôt bien foutues !
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