Depuis quelques mois Seuil a vraiment passé un cap, figure emblématique de la scène Parisienne, il a su au fil du temps affiner sa musique tout en s’essayant à de nombreux styles de house sans jamais tomber dans le racoleur et la facilité. Il s’impose aujourd’hui comme l’un des producteur les plus intéressant de notre capitale. L’année dernière il signait sur des labels tels que Supplement Facts, Harry Klein Records ou encore Hello? Repeat, il lançait également son nouveau label Hold Youth avec le jeune producteur Le Loup. Il a commencé cette année 2012 avec un Ep chez Circus Company ainsi qu’un autre à venir sur Karat. Actif depuis 2006, Alexis, de son vrai nom, a parcouru un sacré bout de chemin. Curieux face à un artiste complet et prolifique, Phonographe se devait de lui poser quelques questions .

– Bonjour Seuil, peux-tu te présenter ?

Salut, Je suis originaire de L’Ile de la Réunion, je suis arrivé il y a une dizaine d’années à Paris, je mixe depuis une dizaine d’années également, et je produit “plus sérieusement” de la musique depuis 2005.

 Anthony Collins – Rabouine House (Seuil Afrikadeep Remix )

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– Peux-tu nous expliquer comment tu as choisis ton nom?

Je voulais que ça soit un nom français, avec une prononciation typiquement française, au final ça emmerde un peu les gens à l’étranger, mais finalement ce qui est drôle c’est qu’il y’a une façon différente de le dire dans chaque pays. Le Seuil, sur un compresseur audio, c’est le threshold. C’est sans doute ma façon d’imager cette limite de moi même …

– Tu es originaire de la Réunion, qu’est ce qui t’a motivé pour venir t’installer en France métropolitaine ?

 Ce sont la découverte, et la soif de culture qui m’ont donné envie de bouger, même si tu vis toute ta vie au soleil, au bord de la mer, tu tournes en rond à un moment sur ton Ile. Paris me semblait être l’Eldorado  fait pour m’enrichir au mieux. Je ne suis pas venu au départ pour la musique, mais par la suite, les rencontres m’ont amené à découvrir ce que je voulais faire dans ma vie …

– Y a-t-il un scène électronique là bas ?

Il y a une scène électronique à la Réunion, quand j’y étais, c’était plus une scène de  teufs, avec beaucoup de fêtes sur la plage, dans la forêt ou dans les montagnes, C’est une approche très différente des ambiances clubs que l’on peut retrouver en Europe. Après il y a pas mal de gars qui produisent de la musique là-bas, un artiste français électro, Automat, s’y est d’ailleurs installé depuis quelques temps, il collabore avec des artistes locaux sur des projets, et il y a des mecs comme Sal Paradise, Vague, … et beaucoup d’autres qui organisent des soirées et des festivals.

Seuil – Uneasy Circle

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– Écoutais-tu déjà de la musique électronique là bas ?

Oui, à l’époque j’écoutais déjà de la musique électronique, mais j’étais plus jeune, donc c’était des choses plus énervées, j’étais plus dans la techno urbaine, voir la hard techno, on avait tendance a être plus dans des esprits de raves outdoor que de clubs…

– Tu possèdes ton propre label depuis un certain temps déjà, cependant, tu signes énormément de tracks sur des labels différents, pourquoi ce choix ?

J’ai créé Eklo en 2007, j’ai fait ce label afin d’exercer le rôle de directeur artistique, j’aime beaucoup digger la musique, et c’est un plaisir de rechercher des nouveaux artistes ou essayer de signer des artistes qu’on aime et qu’on respecte, et surtout sortir de la musique de ces amis artistes auxquels on croit.

Il m’arrive de sortir des trucs de moi sur Eklo, le n°20 qui arrive en Avril est d’ailleurs un full Ep de moi, avec un remix de Fred P. Mais je ne suis jamais confiant de ce que je produis, donc j’aime travailler avec des labels que je respecte, qui en signant mon disque me confirme de la qualité possible de ma musique.

– Comment choisis-tu les artistes que tu produis sur Eklo ?

Ça marche beaucoup par coups de cœurs et sur des tracks que mes proches m’envoient. Je sais précisément ce que je peux mettre ou pas sur ce label, j’ai créé ce label en parallèle avec la naissance de ma fille. C’est quelque chose d’assez personnel.

Je peux sortir des tracks que je ne joue pas souvent en club mais que j’aime écouter chez moi avec des potes ou jouer en after. Je ne recherche pas non plus une efficacité dans les ventes, j’essaye au mieux de choisir de la musique qui pourrait s’inscrire dans le temps, en tout cas dans mon temps.

– Qu’est ce qui t’as incité à travailler avec Le Loup sur votre projet Hold Youth ?

On est connecté sur beaucoup de choses dans la musique, en plus du fait que l’on soit amis. On rigole beaucoup, je pense que c’est le principal ingrédient pour qu’on s’entende bien dans le travail avec quelqu’un, c’est un gars talentueux, jeune et avec une grande culture de la musique.

– Tu as travaillé avec de nombreux acteurs de la scène Parisienne, comment choisis-tu avec qui tu collabores ?

Je ne choisis pas réellement, c’est plus au fil des rencontres et des affinités qu’on décide de se caler en studio avec quelqu’un. Que ce soit avec les dOP, avec Tolga, avec Le Loup, …on a toujours une façon différente de travailler, j’ai un studio avec un peu de matos, donc j’aime parfois changer de délires, de sons, quand je produis seul ou en collaboration, j’ai peut être une identités dans mes grooves, dans mes arrangements, mais j’aime à mélanger les sons analogiques, acoustiques, synthétiques afin d’essayer de trouver un bon “mix” dans ses collaborations ou chacun apporte à chacun. J’ai appris au coté de chacune des personnes avec qui j’ai produit mais ça reste principalement au coté des dOP ou j’ai le plus appris aujourd’hui, même si l’on travaille de manière différente.

Seuil – Ultravision (Feat. Jaw)

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– Qu’est ce qui vous rassemble ? Qu’est ce qui vous différencie ?

Ce qui me rassemble à chaque fois avec les artistes en collaboration, c’est notre goût commun pour des textures, des swings, des sonorités, de la musique qui nous plait simplement. Après ce qui nous différencie le plus, comme je l’ai dit ça reste la manière de travailler et la manière d’entendre, c’est sympa de pouvoir bosser avec quelqu’un et d’avoir un avis directement, on est souvent plus consciencieux.

– Tu as commencé à être connu pour produire de morceaux de micro House voir de musique minimale. Aujourd’hui on note que tu produis des titres beaucoup plus House. Comment ce changement s’est-t ‘il opéré ?

Naturellement, je pense que plus je vieillis, plus ma musique devient deep. Je prend surement de la maturité, j’ai commencé à sortir de la musique sur Minibar le label de mon pote Cabanne en 2006, je produisais à peine depuis quelques mois, il a bien voulu croire en moi alors que mon son était encore loin d’être aboutit, et j’ai continué à sortir de la musique pendant longtemps avant de réussir à avoir un son correct, et à faire “sonner” ma musique.

Après c’est difficile pour moi de définir ce qui est minimal ou pas, quand j’ai commencé à produire, mes projets contenaient 60 pistes de blirp , de blop, quand tu ne connais pas l’analogique , et que ton son est encore mauvais tu as tendance à en foutre partout pour couvrir tout ça , donc oui le rendu était peut être minimal, après est-ce que c’était de la minimale à la Juan Atkins, ou Daniel Bell, difficile à dire …

– Comment se traduit ce large spectre  musicale sur scène ?

Quand je joue Live, j’aime faire  pleins de loops, de groove de plein de choses et tout jouer ensemble, jammer avec une ou 2 machines en plus, c’est tellement plus sympa que jouer un live ou tu vas jouer tout tes derniers tracks soit entier, soit éclater sur 10 séquences et ou tu te fais très vite chier. Quant à ce qui touche le Djing, j’aime plein de choses que ce soit dans la techno et la house, voir même dans le dubstep aussi, j’aime mélanger aussi.

– Quels sont tes projets dans les semaines à venir ?

Il y a beaucoup de projets en cours, principalement mon album que je bosse depuis un moment et qui devrait sortir sur Circus Company, mais pas avant la fin de l’année, voir l’année prochaine. Je travaille aussi un nouveau live, je ne joue plus en live depuis plusieurs mois, je prépare donc cela, pour revenir avec un truc nouveau. Pas mal de Maxis arrivent, sur Karat, sur Eklo ,… des remixes sur Real Tone, Rue de Plaisance, Hold Youth,…Je travaille de la musique en permanence, j’aime beaucoup faire des projets et travailler pour des labels qui me tiennent à coeur.

– A quoi peut-on s’attendre sur Eklo et Hold Youth ?

Pas mal de trucs sont prévus sur les 2 labels. Sur Eklo, pour le prochain, le 019, un Ep de Boris Hoel avec un remix de Cabanne, le 020 est un Ep de moi avec un remix de Fred P et le 021 est le premier double Ep (2×12″) sur Eklo, c’est aussi le premier full Ep de Le Loup, avec 7 tracks dont 1 co-produit avec moi même, une superbe vision de la house, qui représente aujourd’hui pour moi l’esprit deep, moderne et underground que je veux donner à mon label.

Sur Hold Youth, le 003 arrive le mois prochain, avec nous (Hold Youth) comme artiste, et des remixes de San Proper et de Och. Le 004 vient d’un membre de la famille Hold Youth, S3A qui vient de sortir un superbe disque chez Phonogramme, et qui va signer son premier Ep pour notre label.

Le 005 est produit par le grand Rick Wade, avec deux tracks et un remix Hold Youth.

Voila, l’actualité pour les labels, je tiens à rajouter un label que je gère également qui ne compte qu’une seule release pour l’instant, Panam. Le 001 vient d’être re-pressé après 1 an de back order, une série de 500 copies en vinyle transparent avait fini sold-out, se vendant assez cher par la suite sur Discog . Les artistes de ce premier Ep sont un duo français, Friendship Connection, qui prépare le 002 pour courant 2012…

– Un dernier mot pour la fin ?

Support vinyls !!!  Love !!!

Seuil – Copshen (Gurtz Remix Version 1)

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Phonographe remercie Seuil pour sa disponibilité.