Je vis à Reims depuis 1 an déjà. Je ne m’étendrai pas sur le sujet. Toujours est-il que mes compagnons de fortune et moi-même étions en train d’apprécier une Stella salvatrice sur la terrasse de notre bar de prédilection, l’Appart Café, quand un pilier de bar au look de vieux loup de mer et imbibé jusqu’à la moelle nous interpela: “Hé les jeunes, vous connaissez la loi des mauvaises séries? J’ai perdu 3 potes en 3 semaines!”. Nous mîmes un terme à la conversation et retournions à nos moutons. Trois jours plus tard, je compris, dans une moindre mesure, ce qu’il voulait dire.
Ce vendredi 27 mai, Gil Scott-Heron, poète et musicien maudit, nous quittait. Chaque année à peu près à la même période, un artiste de renom quitte cette Terre pour rejoindre mon Panthéon personnel. Bob Marley, Joe Strummer, Guru, Chet Baker ou Ian Curtis ont attendu les beaux jours du printemps pour s’éteindre. GSH était considéré comme le parrain du hip-hop au même titre que George Clinton. Souriant et intuitif, il nous abreuvait depuis 1970 de sa Soul/Funk/Jazz de bon goût. Il faisait partie des artistes qui se fichent éperdument des dogmes et n’était pas, comme beaucoup de personnes de sa génération, réactionnaire et hostile à la créativité de la jeunesse actuelle. J’en veux pour preuve son dernier album en date, écrit et produit en collaboration avec le prince de la dubstep, Jamie XX. Les 2 larrons ont réussi le pari insensé d’allier la châleur du son de GSH aux instrus froides et angoissantes du producteur des XX.
GSH a insufflé un vent de renouveau dans le monde musical et influence aujourd’hui les plus grands. Il n’y a qu’à ouvrir sa page Facebook et/ou Twitter pour se rendre compte du nombre de musiciens qui rendent aujourd’hui hommage au Parrain. Quand une lumière s’éteint, c’est une pièce qui tombe dans l’obscurité. Comptons sur la nouvelle génération montante pour raviver la flamme des instrus chaudes et dépaysantes. Gil Scott-Hemort. Paix à son âme.